À voir un sien cousin, magistrat, homme sage,
Qu'elle connaît de nom, et non pas son visage :
Elle sait seulement qu'il est en grand crédit.
Étant de ses parents, et de sublimes esprits,
Elle ne craindra point d'ouvrir à sa prudence
Les secrets de son cœur, et tout ce qu'elle pense ;
Et comme ce grand homme est de mes bons amis,
Afin de m'obliger, ma mère, il m'a promis
Que selon mes désirs il tournera son âme.
Ce cousin entreprend de changer une femme !
Il est donc assez vain de présumer de soi ?
Et quel est donc ce sot entrepreneur ?
C'est moi.
Vous ?
Moi de ce cousin j'avais la fantaisie.
Depuis prenant conseil d'un peu de jalousie,
Qui m'apprend que de tout il faut se défier,
J'ai cru plus à propos de ma la confier.
Ce soir, l'obscurité devenant favorable,
Ayant la barbe et l'air d'un honnête vénérable,
En habit, et des pieds en tête revêtu
Du fastueux dehors d'une austère vertu
Je prétends, selon moi, pétrir le cœur d'Hortense
Et par même moyen savoir ce qu'elle pense.