Vous pâlissez ; vous changez de visage.
Nymphe, c'est malgré moi que sous un doux ombrage
L'aspect de ce fatal rivage
A rappelé les maux que je viens d'endurer.
De vos chagrins, de cette triste image
Puisse le Ciel vous délivrer !
Divertis ses soins, Léonide ;
Fais-lui voir de ces lieux toutes les raretés ;
Parle-lui de cet antre, où des flots enchantés
Faisaient connaître un cœur ou constant ou perfide.
Scène IV
Dans le fond de ce bois est un antre sacré.
Là, jadis chacun à son gré
Pouvait, en regardant dans une onde fidèle
Qui coule en ce lieu révéré,
Connaître si l'objet en son cœur adoré
Ne brûlait point de quelque ardeur nouvelle.
Cette fontaine a nom la Vérité d'amour :
On n'en approche plus ; deux monstres à l'entour
Interdisent l'abord d'une source si belle.
Léonide, je sais que cet enchantement
Nuit ou sert à plus d'un amant.
Voyez combien il m'est contraire
Sans ces monstres pleins de fureur,