Votre bergère par ses larmes
Veut elle-même vous venger.
Elle croit que de son berger
L'âme encore dans les airs, faute de sépulture,
Autour de ces hameaux errants à l'aventure,
Attend qu'un vain tombeau la vienne soulager.
Confidente des dieux, un amant trop fidèle
Attend tout de votre savoir ;
Faites, par son divin pouvoir,
Que, libre et dans nos bois, j'adore ma cruelle.
Je ferai plus encore et pour vous et pour elle
Dans ce moment mon art vous fera voir
Ses regrets et son désespoir.
Princes de l'air, Nymphes, Héros, Génies,
Calmez de ce berger les peines infinies.
Faites-lui voir Astrée, [et] cachez-le à ses yeux.
Rendez à cet objet l'honneur qu'on rend aux dieux.
Et le temple, et l'autel, et les cérémonies,
Vous ont été déjà par mon ordre prescrit.
Faites votre devoir, purs et légers esprits,
Princes de l'air, Nymphes, Héros, Génies.
Les esprits aériens descendent sur un tourbillon de nuages, et construisent un temple dédié à Astrée : le jardin se change entièrement en forêt.
Scène VI