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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/64

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Et que tous mes parens y fissent leur sejour.
O Dieux ! si mon soupçon se trouvoit veritable !
Si j’étois pour Cherée un parti plus sortable,
Et qu’à cette beauté, dont il me semble espris,
L’éclat de la naissance adjoutats quelque prix,
Seroit-il une fille au monde plus heureuse ?
Peut s’en faut que desja je n’en sois amoureuse ;
J’entens du bruit, sortons ; on peut nous écouter.



Scène 3

Thaïs, Pythie.

Pythie

Ah ! que j’ay de secrets, Madame, à vous conter !
Mais ne le dites pas, vous me feriez querelle.
Ma foy, le compagnon nous l’a sceu donner belle.

Thaïs

Qui ?

Pythie

Qui ? Faut-il demander ? Ce beau present de foin :
Fust-il en Éthopie, ou bien encor plus loin !

Thaïs

Tu viens de proferer une estrange parole.

Pythie

Chacun n’a pas esté comme vous à l’escole ;
Je m’entens.

Thaïs

Je m’entens. C’est assez.

Pythie

Je m’entens. C’est assez. Cecy nous doit ravir ;
Vous n’aviez qu’à moitié des gens pour vous servir,