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Scène 2

Damis, Parmenon.

Damis

Depuis qu’encor enfant tu me fus presenté,
Ton zele à me servir s’est tousjours augmenté ;
Aussi t’ay-je donné mes deux fils à conduire ;
Parmenon, si tu peux à l’hymen les reduire,
Pour prix de tes travaux, je te veux affranchir.
Peut-estre que l’aisné ne se pourra fléchir ;
Son amour pour Thaïs est encor un peu forte ;
Entrepren mon cadet, qui des deux il n’importe.
Dés lors que j’en verray l’un ou l’autre soumis,
Tu te peux asseurer de ce qu’on t’a promis.

Parmenon

Je ne refuse point un si digne salaire ;
Mais rien que mon devoir ne m’excite à bien faire :
Vous m’y voyez, Monsieur, desja tout preparé,
Non que je m’en promette un succez asseuré ;
Il est des plus douteux du costé de Phœdrie :
J’ay beau parler d’hymen, c’est en vain qu’on le prie ;
Tout autre m’entendroit, luy seul me semble sourd.

Damis

Je m’en promettois mieux, lors que son prompt retour
A destruit mes projets fondez sur son voyage.

Parmenon

On n’en rencontre point qui tiennent leur courage ;
Tous ces frequens dépits font peu pour ce regard.
Riottes entre amans sont jeux pour la pluspart ;
Vous les trouverez tous bastis sur ce modelle :
Un mot les met aux champs, demy mot les rappelle ;
Et, tout consideré, ce qu’on peut faire icy,