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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/84

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À ces mots le vieillard, en pleurant, m’a quitté.
C’est un pere, apres tout, il faut qu’on luy complaise.

Phœdrie

Vrayment vous en parlez tous deux bien à vostre aise ;
Si l’amour en vos cœurs regnoit pour un momen,
Je vous verrois bien-tost d’un autre sentiment.

Parmenon

Contre moy sans raison vous entrez en colere,
D’Interprete, sans plus, je sers à vostre pere ;
Quoy que vous m’entendiez parler en Precepteur,
De tout ce long discours je ne suis point l’auteur ;
Vous voyez que cecy tient beaucoup de son style.

Phœdrie

Tu ne l’es pas non plus de la fourbe subtile
Dont mon frere, en Eunuque aujourd’huy déguisé,
A chacun du logis par sa feinte abusé ?
Qui t’a rendu muet ? cherches-tu quelque excuse ?

Cherée

C’est à moy qu’il vous faut imputer cette ruse ;
Assez pour m’en distraire il s’est inquieté.
Enfin n’en parlons plus, c’est un point arresté,
Gardez vostre Thaïs, laissez-moy ma Pamphile ;
Et pendant que mon pere est d’humeur si facile,
Allons luy proposer le choix que j’en ay fait.

Parmenon

Croyez-vous que d’abord il en soit satisfait ?
N’estant ce qu’elle est, j’en aurois quelque crainte.

Cherée

Quoy ! tu ne sçais donc pas le succez de ma feinte ?

Parmenon

Non, car tousjours depuis j’ay demeuré chez nous.

Cherée

Pamphile est Citoyenne.