Que souffrir tels procès était un grand abus :
Et que le cas méritait une amende :
Concluant pour le surplus
Au renvoi de la demande.
Le procureur d’Amours intervint là-dessus,
Et conclut aussi pour la belle.
La Cour, leurs moyens entendus,
La renvoya : permis d’être cruelle ;
Avec dépens ; et tout ce qui s’ensuit.
Cet arrêt fit un peu de bruit
Parmi les gens de la province.
La raison de douter était tous les cadeaux,
Bijoux donnés, et des plus beaux
Qui prend se vend : mais l’intérêt du prince
Souvent plus fort qu’aucunes lois
L’emporta de quatre ou cinq voix.
Hier je mis chez Cloris en train de discourir
Sur le fait des romans Alizon la sucrée.
N’est-ce pas grand pitié, dit-elle, de souffrir
Que l’on méprise ainsi la Légende dorée,
Tandis que les romans sont si chère denrée ?
Il vaudrait beaucoup mieux qu’avec maint vers du temps,
De messire Honoré l’histoire fut brûlée.
- ↑ Cette Ballade a paru à la page 87 du recueil décrit dans la note 2 de la p. 57. Elle y est précédée de l’Avertissement que nous avons reproduit dans le tome III (pages 233-234) de la présente édition. Elle est citée dans le Menagiana (tome I, page ?134) sous le titre de Ballade des livres d’amour.