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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 5.djvu/85

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XLVIII.

ELEGIE DEUXItME.

Me voicy rembarqu sur la mer amoureuse,
Moy pour qui tant de fois elle fur malheureuse,
Qui ne suis pas encore du naufrage essuyé,
Quitte à peine d’un voeu nouvellemeht payé.
Que faire ? mon destin est tel u"[ faut u j'ayme
On m’a pourveu d’un coeur peu content de luy-mesme,
Inquiet, et fecond en nouvelles amours:
Il aime ? s’en?ager mais non pas pour tofiiours.
Si faut-il une?fois brfiler dun feu durable :
Que le succez en soit funeste ou favorable,
Qu?’on me donne sujet de craindre ou d’esperer,
Perte ou gain, je me veux encor avanturer.
Si l’on ne suit l’amour, il n’est douceur aucune :
Ce n’est point prés des Rois que l’on fait sa fortune :
Quelque ingrate beaut? qui nous donne des loix,
Encore en tire-t-on un sofiris quelquefois,
Et pour me rendre-h?ureux un sofiris peut suffire :
Climene vous pouvez me donner un Empire,
Sans que vous m’accordiez qu’un regard d’un instant ;
Tiend?ra-t-il/t vos yeux qul ie ne sols content ?
Helas qu’il est ais4de se flater soy-mesme !
Je me propose un bien dont le prix est extreme,
Et ne sçais seulement s’il m’est permis d’aimer ;
Pourquoy non, s’il vous est permis de me charmer ?
Je vetray les plaisirs suivre en foule vos traces,
Vostre bouche sera la demeure des Graces,
Mille dons prés de vous me viendront partager,
Et mille feux chez-moy ne viendront pas loger ?

voyez page 82, note 1.