Page:La Fontaine - Contes, Herhan, 1803.djvu/159

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Non qu’il en fît, mais il en recevait.
Le Magnifique avait un cheval d’amble,
Beau, bien taillé, dont il faisait grand cas:
Il l'appelait à cause de son pas
La haquenée. Aldobrandin le loue:
Ce fut assez; notre amant proposa
De le troquer; l'époux s'en excusa:
Non pas, dit-il, que je ne vous avoue
Qu’il me plaît fort; mais à de tels marchés
Je perds toujours. Alors le Magnifique,
Qui voit le but de cette politique,
Reprit: Eh bien, faisons mieux; ne troquez;
Mais pour le prix du cheval permettez
Que vous présent j'entretienne Madame.
C'est un désir curieux qui m'a pris.
Encor faut-il que vos meilleurs amis
Sachent un peu ce qu'elle a dedans l'âme.
Je vous demande un quart d'heure sans plus.
Aldobrandin l’arrêtant là-dessus:
J'en suis d'avis ; je livrerai ma femme ?
Ma foi mon cher gardez votre cheval.
Quoi, vous présent ? Moi présent. Et quel mal
Encore un coup peut-il en la présence
D'un mari fin comme vous arriver ?
Aldobrandin commence d'y rêver:
Et raisonnant en soi: quelle apparence
Qu’il en mévienne en effet moi présent ?
C'est marché sûr; il est fol; à son dam;
Que prétend-il ? pour plus grande assurance,
Sans qu'il le sache, il faut faire défense
A ma moitié de répondre au galant.
Sus, dit l’époux, j'y consens. La distance