dans la Fable que les Animaux ; il en exclud les Hommes & les Plantes. Cette regle eſt moins de neceſſité que de bien-ſeance, puiſque ni Eſope, ni Phedre, ni aucun des Fabuliſtes ne l’a gardée : tout au contraire de la Moralité, dont aucun ne ſe diſpenſe : Que s’il m’eſt arrivé de le faire, ce n’a eſté que dans les endroits où elle n’a pû entrer avec grace, & où il eſt aiſé au Lecteur de la ſuppléer. On ne conſidere en France que ce qui plaiſt ; c’eſt la grande regle, & pour ainſi dire la ſeule. Je n’ay donc pas cru que ce fuſt un crime de paſſer par deſſus les anciennes Coutumes, lorſque je ne pouvois les mettre en uſage ſans leur faire tort. Du temps d’Eſope la Fable eſtoit contée ſimplement, la Moralité ſeparée, & toujours enſuite. Phedre eſt venu, qui ne s’eſt pas aſſujetti à cet ordre : il embellit la Narration, & tranſporte quelquefois la Moralité de la fin au commencement. Quand il ſeroit neceſſaire de luy trouver place, je ne manque à ce precepte que pour en obſerver un qui n’eſt pas moins important. C’eſt Horace qui nous le donne. Cet Auteur ne veut pas qu’un Ecrivain s’opiniâtre contre l’incapacité de ſon eſprit, ni contre celle de ſa matiere. Ja-
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