Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 3.djvu/19

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L’innocence des champs eſt-elle vôtre fait ?
Aſſez, dit-elle ; mais ma peine
Eſtoit de voir les gens plus pareſſeux qu’icy :
Ils n’ont des troupeaux nul ſoucy.
Je leur ſçavois bien dire, & m’attirois la haine
De tous ces gens ſi peu ſoigneux.
Eh, Madame, reprit ſon époux tout à l’heure,
Si voſtre eſprit eſt ſi hargneux
Que le monde qui ne demeure
Qu’un moment avec vous, & ne revient qu’au ſoir,
Eſt déja laſſé de vous voir,
Que feront des valets qui toute la journée
Vous verront contre eux déchaînée ?
Et que pourra faire un époux
Que vous voulez qui ſoit jour & nuit avec vous ?