Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1694, tome 5.djvu/215

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Je puis même avouër (helas ! faut-il le dire ? )
Qu’un autre a ſur mon cœur conſervé ſon empire.
Je cheris un Amant, ou mort ou dans les fers ;
Je prétens le cherir encor dans les enfers.
Pourriez-vous eſtimer le cœur d’une inconſtante ?
Je ne ſuis déja plus aimable ni charmante,
Cloris n’a plus ces traits que l’on trouvoit ſi doux,
Et doublement eſclave eſt indigne de vous.
Touché de ce diſcours, Damon prend congé d’elle :
Fuïons, dit-il en ſoi, j’oublîrai cette Belle,