Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1694, tome 5.djvu/91

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Le Cheval qui n’étoit dépourvû de cervelle
Leur dit : Liſez mon nom, vous le pouvez, Meſſieurs ;
Mon Cordonnier l’a mis autour de ma ſemelle.
Le Renard s’excuſa ſur ſon peu de ſçavoir.
Mes parens, reprit-il, ne m’ont point fait inſtruire.
Ils ſont pauvres, & n’ont qu’un trou pour tout avoir.
Ceux du Loup, gros Meſſieurs, l’ont fait apprendre à lire.
Le Loup par ce diſcours flaté,
S’approcha ; mais ſa vanité
Lui coûta quatre dents : le Cheval lui deſſerre
Un coup ; & haut le pied. Voilà mon Loup par terre,
Mal en point, ſanglant & gâté.