Page:La Fontaine - Lettres de Paris en Limousin.djvu/17

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écrit-il, que ce qu’il vient d’en dire (1). Même allusion pour Amboise : "Nous arrivâmes à Amboise d’assez bonne heure, mais par un fort mauvais temps : je ne laissai pas d’employer le reste du jour à voir le château. De vous en faire le plan, c’est à quoi je ne m’amuserai point ; et pour cause" (2). Il ne raconte de l’histoire de Richelieu que "quelques singularités", dit-il plus tard, "ce ne sont peut-être pas les plus remarquables ; mais que vous importe ? De l’humeur dont je vous connais, une galanterie sur ces matières vous plaira plus que tant d’observations savantes et curieuses" (3). Enfin, dans sa sixième lettre il revient sur ses premiers griefs : Marie Héricart aime trop les romans : "Je ne vous ... saurais apprendre autre chose (d’une de leurs parentes de Châtellerault), sinon qu’elle aime fort les romans ; c’est à vous qui les aimez fort aussi, de juger quelle conséquence on en peut tirer" (4). A propos de cette répétition Faguet déclare : "La Fontaine a déjà fait ce reproche à sa femme dans sa première lettre. Dans des lettres écrites en vue du public cette répétition serait une faute : elle serait contre l’art. Dans de véritables lettres, cette répétition de la taquinerie n’a rien que de très naturel (5).

Faguet et ses partisans ne manquent pas non plus de signaler dans l’ouvrage de La Fontaine plusieurs phrases dont la signification ou les allusions ne paraissent convenir qu’à Mademoiselle de La Fontaine.

La première lettre se termine par une "recommandation" adressée à la mère de son fils : "faites bien mes recommandations à notre marmot, et dites lui que peut- être j’amènerai de ce pays-là (le Limousin) quelque beau petit chaperon (une servante) pour le faire jouer et pour lui tenir compagnie" (6). C’est une des rares fois où La Fontaine parle de son fils : cette mention n’est-elle pas plus à sa place dans une lettre personnelle que dans une oeuvre destinée au public ?

Nos critiques ont encore beau jeu quand ils signalent un rapprochement fait par La Fontaine dans la lettre cinquième : "De dedans la cour (du château de Richelieu), et sur le fronton de la même entrée, on voit trois petits Hercules, autant poupins et autant mignons que le peuvent être de petits Hercules ; chacun d’eux garni de sa peau de lion et de sa massue . (Cela ne vous fait-il point souvenir de ce saint-Michel garni de son diable ?)" (7) . Il est évident que cette comparaison ne devait être pleinement saisie que par Marie Héricart et ceux qui avaient vu le saint-Michel en question, et non par n’importe quel lecteur. Ce sont ces mêmes personnes, spécialement


(1) Lettre II, p. 48.
(2) IV, p. 54.
(3) V, p. 59.
(4) VI,pp.70-71.
(5) Art. c. p.l6.
(6) Lettre I, p. 43.
(7) V, p. 60.