Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/361

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Payez-la donc, ingrate, insensible, inhumaine !

CLYMÈNE

Toujours les bergers
Nous nomment cruelles,
Et toujours leurs belles
Les nomment légers.
On leur est sévère ;
On fait prudemment
Cruelle bergère
Craint volage amant.

GALATÉE

Retirez-vous tous deux ; toi, Clymène, demeure.
Acis, on vous pardonne ; allez, et dans ces lieux
Ne revenez de plus d’une heure.

Scène IV

Galatée, Clymène.

GALATÉE

Ils sont partis ; je ne crains plus leurs yeux.
M’ont-ils point vu rougir ? Clymène, cette offense
Méritait un courroux plus prompt et plus puissant
Ah ! qu’il est malaisé de cacher ce qu’on pense,
Et plus encor ce que l’on sent !
Cruelle loi qui veux que notre gloire
Soit de n’aimer jamais, ou n’aimer que des dieux,
Est-il juste de te croire
Plutôt que ses propres yeux ?
Dès qu’un berger m’a su plaire,
Il n’est plus berger pour moi ;
Tu m’ordonnes de le taire ;
Injuste et cruelle loi !