Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/360

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Je vous aime ; et non pas comme les immortelles,
Par crainte, par devoir, sans transports, sans désir,
Sans plaisir ;
Mais comme il faut aimer les belles ;
Il faut auprès de la beauté
Oublier la divinité.

GALATÉE

Berger, je vous trouve sincère ;
Vous pouviez autrement témoigner votre amour
Je devais m’en douter ; vous deviez me le taire.

ACIS

Et ne l’ayant pas fait, je dois perdre le jour.
J’y cours, et je vous vais venger de cette offense,
Indigne que je suis de mourir à vos yeux.

GALATÉE

Ne bougez, mortel ; c’est aux dieux
Que l’on doit réserver le soin de la vengeance.

ACIS

Je suis mortel, il est vrai ; mais aussi
Je puis par mon trépas faire honneur à vos charmes.
Les dieux n’en usent pas ainsi :
Leur ardeur est légère ; ils aiment sans alarmes ;
Et vous méritez un amant
Qui s’abandonne à son tourment.

TIMANDRE, ACIS ET CLYMÈNE, ensemble.

Il n’est que d’avoir un amant
Qui s’abandonne à son tourment.

TIMANDRE, à Clymène.

Le mien n’a point d’égal ; et cependant, Clymène,
Qu’avez-vous fait encor pour soulager mes maux ?
Que sert de dire à tous propos :
« Je suis contente de sa peine » ?