Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/383

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De nymphes entouré, vous perdiez vos beaux jours.
Thétis d’un vain danger laissait passer le cours.
Je vous vis ; j’approchai sous un habit de femme
De l’amour des hauts faits je vous enflammai l’âme.
On vous y vit courir : ce fut par mon moyen.
Je ne viens point ici vous reprocher ce bien :
Je ne viens que vous rendre, avec dons, la princesse,
Au nom du fier Atride et de toute la Grèce.
Ne laisserez-vous point fléchir votre courroux ?
Faut-il que nos transports durent autant que nous ?
Jusqu’au départ, du moins, suspendez vos querelles.
Songez que d’actions mémorables et belles
Vous perdez ; car chez vous vaincre et combattre est un.
Vous n’êtes pas de ceux qui n’ont qu’un sort commun
Contents pour le remplir d’une seule victoire,
Par le devoir, sans plus, ils marchent à la gloire.
Le monde attend de vous de plus puissants efforts.
Si vous ne voulez pas séjourner chez les morts,
Par de nouveaux dangers distinguez-vous des hommes.
Hector en a semé la carrière où nous sommes.
Nous ne les cherchons plus : ils nous viennent trouver.
Ilion, qui bornait ses vœux à se sauver,
S’est rendu l’attaquant : cette superbe ville
Prétend brûler nos nefs en présence d’Achille.
Vous verrez vos amis sur la terre étendus,
Les dieux troyens vainqueurs, les dieux grecs confondus,
Cette Troie à son tour plaignant notre misère.
Voilà, voilà, Seigneur, des sujets de colère.

ACHILLE.

Vous n’êtes pas réduits encore à cet état.

ULYSSE.

Et le faut-il attendre ? Est-il de potentat,