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Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/385

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Je saurai m’excepter de cette obscure vie,
Et veux vaincre ou mourir aux champs de la Phrygie ;
Moi vivant, un berger ne sera point chez soi
Tranquille possesseur de l’épouse d’un roi.
J’aurai des compagnons à punir cet outrage ;
Vous verrez plus d’un chef tenir même langage.
D’un même esprit que tous, Seigneur, soyez porté.
Nous nous sommes ligués contre cette cité ;
Si quelque Grec se plaint, qu’on remette la peine
A des temps où les dieux auront fait rendre Hélène.
Vous les aurez alors contre vos ennemis,
Et, si vous me mettez au rang de vos amis,
Si vous trouvez qu’Ajax ait assez de vaillance,
Moi-même je vous veux aider dans la vengeance
Aidez-nous dans ce siège, appuyez nos efforts.
Ces murs pris ou laissés, les miens et moi, pour lors
Nous vous servirons tous contre un prince coupable.

ACHILLE.

Le fier Agamemnon n’est pas si redoutable
Mon bras y suffira, comme il a cru le sien
Capable de dompter sans moi le mur troyen.
Votre offre cependant, Seigneur, doit me confondre.

AJAX.

Ce n’est pas encor là comme il faut nous répondre.
Nous verra-t-on venger un tel affront sans vous ?

ACHILLE.

Sans moi : qui touche-t-il qu’un malheureux époux ?
L’union n’était pas si grande en nos provinces
Que nous dussions tous suivre en esclaves ces princes.

AJAX.

En esclaves ! nous, rois ! dites en compagnons.