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Le Bouif errant

Bicard souriait quelquefois, dans sa courte moustache, en regardant Mitzi et le jeune homme. Lui-même songeait à Kiki.

Cependant, il n’avait pas osé aller prendre des nouvelles, rue Lepic. Trop de souvenirs pénibles s’y opposaient.

Clairvil, d’ailleurs, avait installé d’autorité toute la compagnie à Neuilly, près de son studio.

Cette mesure avait inquiété Bicard. Le voisinage du Docteur Cagliari était dangereux pour lui. Il avait cependant eu l’audace de se risquer jusqu’à la Clinique. Toutes les fenêtres y étaient fermées. Le docteur et ses compagnons n’étaient pas encore de retour. Peut-être attendaient-ils à Sélakçastyr des nouvelles de l’ex-Roi de Carinthie. Le Bouif résolut de faire le mort.

Il se dédommageait de sa contrainte au studio.

Là, le tumulte des machinistes, le bruit des projecteurs, les lumières, les décors, les costumes, les mouvements de la figuration, toute cette cohue, bousculée par les assistants, commandée par les beuglements de Clairvil, plongeaient Bicard dans la jubilation.

— J’étais né pour être artiste, avouait-il parfois aux reporters. Je suis un As inconnu.

En causant avec les Afficionados, qui encombrent toujours les coulisses des studios, il avait rencontré, un jour, les Directeurs de la Maison d’engagements pour l’Amérique, dont lui avait parlé sa femme. Ces agents l’avaient fort engagé à rejoindre Ugénie à Los-Angeles. Bicard ne s’était pas décidé.

D’ailleurs, le metteur en scène Clairvil surveil-