Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/14

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fallait ma vie, je la donnerais sans regret, du moment où elle se te serait utile.

En parlant, Clairette aperçut l’étranger.

— Tiens, fit-elle à son compagnon de plaisir, voilà, ma foi, le joli petit charlatan de tantôt ; il faut l’emmener au bal, j’ai envie de le faire danser.

— Tu le connais ? demanda Belle et Bonne.

— Oui, pour avoir acheté de sa drogue, qui, selon lui, guérit bien des choses.

— Tu es donc malade ?

— Oh ! bien oui, malade. Pas le moins du monde, mais ce garçon-là est trop beau et a trop d’esprit pour qu’on ne l’aide pas à gagner sa vie ; il s’épuisait à parler, on ne l’écoutait point ; ma foi, je lui ai demande vingt paquets de sa drogue.

— Et tu lui as porté bonheur, ajouta Titi ; aussitôt cette vente faite, les mains se sont tendues. Les bourses se sont ouvertes comme par enchantement.

— C’est une bonne action que tu as faite là, Clairette ; le bon Dieu te récompensera.

La jeune folle laissa échapper un éclat de rire qui fit soupirer Belle et Bonne.

— Et si, en attendant cette récompense toujours longue à venir j’en demandais une au bel adolescent.

— Laquelle donc ?

— Celle d’accepter ma main pour un quadrille