Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/18

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egardait, hésitante, le charlatan transformé en sauveur, et se demandait s’il était un ange, une providence, ou un étranger audacieux auquel elle ne pouvait confier la vie de son enfant.

Le jeune homme devina ses craintes ; un triste sourire erra sur sa lèvre ; mais il profita de la stupeur de la mère pour donner des ordres, qui furent immédiatement exécutés par Clairette. La folle enfant qui ne voulait plus croire en Dieu avait encore la superstition du cœur ; cet inconnu lui était sympathique, elle avait foi en lui, et, pour lui obéir, eût résisté à Belle et Bonne elle-même. Elle appliqua des sinapismes sur les jambes de l’enfant insensible, frictionna son pauvre petit corps glacé avec le contenu d’une fiole que le charlatan tira de sa poche, pendant que lui-même introduisait entre les dents serrées du petit garçon quelques gouttes d’une potion qu’il venait de préparer.

Après dix minutes d’incertitude et d’angoisse qui parurent dix siècles à la pauvre mère, le malade parut mieux, ses muscles devinrent plus souples, ses lèvres se détendirent, son regard perdit de sa fixité ; il poussa une légère plainte.

— Il sent la douleur causée par les sinapismes, dit le charlatan, il est sauvé.

À ce mot, Belle et Bonne fondit en larmes, prit