Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/23

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— Vous ne passerez pas ! dit-elle avec énergie, je ne le veux pas !…

— Qu’est-ce à dire  ? demanda son mari en essayant vainement de soulever sa petite main blanche appuyée sur la rampe. Que faites-vous  ?

— Madame, dit le commissaire avec sévérité, je ne voudrais pas employer la force vis-à-vis de vous ; cependant….

Chacun devinait que Belle et Bonne avait un intérêt quelconque à défendre ainsi contre son mari et contre la loi l’entrée de son appartement ; et comme la jeune femme était généralement adorée, il se forma immédiatement dans la salle une opposition en sa faveur. Pendant que son mari faisait de vains efforts pour l’arracher de sa place, des défenseurs inattendus se jetèrent sur le commissaire, sur les agents, sur le marchand de vins lui-même, et, les tirant en arrière, rendirent à Belle et Bonne le temps de respirer et de reprendre des forces pour la lutte dans laquelle elle commençait à faiblir.

— Ah ! fit-elle à son mari, qui se débattait irrité entre les mains nombreuses par lesquelles il était retenu, voulez-vous donc tuer votre fils ?

— Que dis-tu ? s’écria le marchand de vins dont l’amour paternel, ainsi réveillé tout à co