Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/37

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épier les démarches du charlatan jusqu’au lendemain, en préparait d’autres pour des recherches actives. Quant à l’inconnu, après une demi-heure d’absence, il s’était dirigé vers une espèce d’auberge noire et mal tenue, et fumait une grosse pipe en buvant du gros vin devant une mauvaise table crasseuse, qu’entouraient vingt autres de ses pareilles, dans une salle basse, éclairée à l’huile de quelques mauvaises lampes, et dont le bruit et l’odeur portaient au cerveau plus que le liquide qu’on y buvait. Son costume de velours noir était remplacé par un autre, en tout semblable, mais usé, jauni par un fréquent usage ; sa tête nue laissait voir ses cheveux en désordre, son visage pâle et souffrant semblait pâlir encore chaque fois qu’un nuage de fumée s’échappait de ses lèvres décolorées.

Sa première bouteille vide, il en demanda une seconde, puis une troisième ; à la fin de celle-ci, sa pipe tomba de sa bouche, et sa tête s’affaissa entre ses mains sur la table.

— Il ne va pas mal, le petit, pour un novice, dit une femme en haillons à un compagnon de débauche avec qui elle occupait une table voisine.

— Tais-toi donc, répondit celui-ci, dont le visage aviné indiquait l’habitude de l’ivresse. Il dort a la troisième… c’est honteux.