Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/47

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corps, raidi et déjà froid, n’avait plus de mouvement.

Une autre femme, assise au pied du lit, pleurait en silence ; elle aperçut la nouvelle venue et vint à elle.

— Dans une heure, dit-elle en laissant échapper un sanglot, tout sera fini.

— Et moi qui caressais, en venant ici, l’espoir de la sauver.

— Depuis longtemps déjà, moi, je n’espère plus rien.

— II y a quelques jours, cependant, le retour de sa fille eût peut-être encore opéré le miracle ?

— Sa fille est à jamais perdue ; elle le savait bien, puisqu’elle en meurt.

— Eh ! non, s’écria la visiteuse, oubliant toute prudence dans son désespoir. Non, elle ne l’est pas ! Et c’est bien là ce qui est fatal, désespérant. Elle va venir, mon Dieu !… elle arrivera trop tard !

Une plainte, un râle sorti de l’alcôve fit tressaillir les deux femmes, qui se rapprochèrent de la mourante.

Aucun mouvement, aucune contraction du visage ne révélait qu’elle eût entendu ; toutes les deux respirèrent et se tinrent un instant debout, en silence, près du lit, épiant un regard, deman