Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/49

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e qui lui manquait à Londres, chercher à Paris les distractions dont son âme attristée avait tant besoin.

L’enlèvement de sa fille devait la tuer ; sans l’affection intelligente de Belle et Bonne, la malheureuse femme n’eût pas vécu quinze jours. Le dévouement de son amie avait seul prolongé son martyre.

Pendant les derniers jours de sa vie, la mère d’Anina s’était persuadée que sa fille était morte, et souriait doucement à la pensée d’aller la rejoindre. Ce désir secret la faisait marcher à grands pas vers la tombe. Belle et Bonne, ainsi que la femme de chambre anglaise restée à son service, n’osaient même plus troubler cette espérance d’outre-tombe par une espérance de ce monde. Cependant, la veille, la malade souriait et parlait encore ; sa raison était saine ; sa voix, quoique affaiblie, n’annonçait pas une mort aussi prochaine. C’est pourquoi, lorsque Belle et Bonne reçut une lettre qui lui annonçait le retour de l’enfant, elle espéra sauver la mère.

Après quelques prières, les deux femmes, voyant la mourante tranquille, sortirent de l’alcôve.

— Que faire ? demanda Belle et Bonne désespérée.

— Essayez de lui parler… Peut-être votre voix, le nom de sa fille, l’espoir de la revoir surtout, feront-ils, dans son état, une révolution heureuse. Essayez… je vais prier Dieu.