Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/50

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Elle s’agenouilla pendant que la jeune femme prenait entre ses mains les doigts glacés de la malade.

— Mon amie, demanda-t-elle, m’entendez-vous ? Le râle ne perdit rien de sa régularité.

— J’ai de bonnes nouvelles à vous apprendre. La mourante était insensible ; Belle et Bonne tenta

un moyen violent.

— Anina, dit-elle à l’oreille de l’agonisante ; votre Anina chérie va vous être rendue.

On entendit un sourd gémissement dont la fin se perdit dans les derniers soupirs de l’agonie.

— Elle a compris, dit la fille de chambre en se relevant.

— Voulez-vous revoir Anina ? demanda encore Belle et Bonne en caressant le front de la mourante, qui, par un effort surhumain, se leva droite sur son séant et répéta avec égarement :

— Voir Anina !

Celui qui a vu le regard de la mort ne l’oublie jamais ; Belle et Bonne le rencontrait pour la première fois ; elle en eut peur et fit un pas en arrière. Mais la malade saisit sa main et la serra entre ses doigts raidis. La femme de chambre avait cessé sa prière et passé son bras derrière la taille de sa maîtresse pour la soutenir, se demandant si c