Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/57

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puis, ça fait que t’auras le temps, toi qui es savant comme un sorcier, de faire son éducation.

— Sois tranquille, Hercule, si la terre est fertile, j’y sèmerai de bon grain.

Le punch achevé, on se dirigea vers le faubourg où la troupe ambulante devait retrouver sa maison à roues.

Hercule, qui avait pris comme toujours le bras du charlatan, ne tarissait pas sur les éloges de sa Cécilie.

— À vous deux, disait-il, vous ferez la fortune de la troupe, et vous serez l’espoir de ma vieillesse.

Le jeune homme se prêtait à ces châteaux en Espagne.

On était en vue de la voiture, lorsque Hercule s’arrêta tout-à-coup et fit faire silence : des cris d’enfant, entrecoupés de prières, sortaient de la maison roulante pour se perdre dans l’épaisseur de la nuit.

— J’ai peur ! j’ai peur ! je ne veux pas rester ici ! il fait noir… je veux m’en aller.

Et les pleurs et les cris recommençaient.

— Te tairas-tu, maudite ? répondait une dure voix de femme. Si tu cries encore, je t’arrache les dents.

Effrayée sans doute, l’enfant se tut.