Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/65

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sa première émotion fut calmée, je ne te laisserai pas seul au monde.

Le jeune homme leva sur lui ses grands yeux noirs, qui interrogeaient en silence.

— Tu as des amis maintenant, des amis dévoués ; Dieu a récompensé ton dévouement filial. Oh ! cette femme, cette femme, qui m’appelle son père pour que j’oublie mieux ce que je lui dois, c’est un ange de paix, de miséricorde et de dévouement. Sous la légèreté apparente de son sourire, il y a des trésors d’amour et de vertu. Aime-la bien, mon fils, pour les soins qu’elle a donnés à ton pauvre vieux père ; rends lui en affection ce que j’ai reçu d’elle en dévouement.

Le jeune homme soupira.

— Qu’as-tu donc ? demanda le vieillard.

— Je la quitterai bientôt, mon père. Hélas ! je ne le reverrai peut-être jamais.

Ce fut alors au malade d’interroger ; le front du charlatan s’était couvert de rougeur.

— Je l’aime ! dit-il ; c’est son estime qui m’a rendu capable du plus grand sacrifice, celui de vous quitter… c’est son souvenir qui m’a donné le courage de vivre au milieu d’hommes qui répugnaient à ma nature, pour retrouver l’enfant que, grâce à