Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/68

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Bonne avait fait une promesse imprudente à la mère d’Anina ; il lui était à peu près impossible de quitter sa maison pour mener l’enfant, comme elle s’y était engagée, vers les parents qui pouvaient lui rester à Londres. Le charlatan leva toute difficulté, en se chargeant de conduire en Angleterre la femme de chambre et la petite Anima, dont l’attachement et les caresses étaient une preuve suffisante des soins qu’elle recevait du jeune homme. Il fut convenu qu’on n’exposerait pas aux dangers d’un voyage incertain les bijoux de prix trouvés chez la pauvre mère après sa mort, et dont Belle et Bonne accepta le dépôt.

La tristesse des adieux fut adoucie par l’espérance ; en se séparant, on se dit : Au revoir ! et quand les voyageurs, emportés par la diligence, se retournèrent pour jeter à leurs amis un dernier adieu, Belle et Bonne agitait en souriant le mouchoir qui venait d’essuyer ses larmes.

Cependant, quinze ans s’étaient écoulés, la Chaumière avait disparu, les maîtres de l’établissement, retirés à Fontenay-aux-Roses, s’occupaient de marier leur fille Clara, l’aînée de leurs enfants. Les événements précédents eussent été complètement oubliés, si Belle et Bonne, en rêvant à la joie de devenir grand’mère, ne les eût rappelés sans cesse.