Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/77

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ugerez. Je vais vous quitter, Anina, je reviendrai demain ; vous aurez eu le temps de réfléchir, vous me donnerez vos ordres, je les exécuterai sans murmure, quels qu’ils soient, je vous le promets. Peut-être votre intérêt exigera-t-il un prompt voyage ; je vous accompagnerai si tel est votre désir ; si au contraire, vous ne trouvez pas convenable ma présence auprès de vous, je vous remettrai entre les mains d’une personne sûre.

Le jeune homme faisait pour parler des efforts visibles ; Anina souriant lui tendit la main.

— Déjà, dit-elle, tu peux, mon André, me parler comme à une étrangère ?… Ah ! si tout le passé n’était point là pour me donner un démenti, je croirais que tu ne m’aimes plus.

— Anina, tu ne peux supposer cela ?… jamais, n’est-ce-pas ?… quoi qu’il arrive, alors même que le sort m’éloignerait de toi, je ne cesserai de me souvenir et de t’aimer.

— Ne crains rien du sort, André ; comment pourrait-il séparer deux êtres qui s’aiment comme nous nous aimons, toi et moi ?

— À demain, dit le jeune homme en se levant.

— Demain de bonne heure, André* ne me fais pas attendre.

Et la pensionnaire eût voulu se jeter encore dans