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Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/81

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biens immenses, à la possession desquels toi seule mettais obstacle.

» Tu comprendras difficilement pourquoi ce dernier motif nous fit mal accueillir ; mais c’est ainsi parmi les hommes, ma pauvre enfant. La plupart sacrifient les liens les plus sacrés, les devoirs les plus saints lorsqu’ils font obstacle à leurs intérêts.

» On contesta ton identité, on prétendit que Betty et moi, nous voulions introduire dans une maison étrangère un enfant dont nous pourrions exploiter la fortune par la reconnaissance.

» Fort de mon droit, je soutins les chances d’un procès, qui fut d’abord favorable à ton oncle ; mais la vérité et l’innocence, lorsqu’elles sont soutenues par la volonté et l’énergie ont une puissance surhumaine ; il y eut bientôt de l’indécision parmi les juges, de nouveaux débats parurent nécessaires, on fit une nouvelle enquête qui me donna le temps de réunir d’autres preuves.

» Pendant que dura cette lutte, tu occupais la place dans la maison de ton oncle, qui avait souscrit sans trop de répugnance à cet ordre de la justice, certain qu’il était de gagner sa cause sur un intrigant tel que moi. À force de sollicitations, j’obtins que Betty fût imposée avec toi à mon riche adversaire, car j’avais un pressentiment de la haine que t’avaient vouée