Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/82

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ceux qui devaient être tes protecteurs. Mon défenseur partageait mes craintes ; il parvint à les inspirer à la justice qui s’émut et désigna Betty pour servir de providence à l’enfant jusqu’à la fin du procès.

« Londres, je pourrais dire l’Angleterre, s’intéressa à nos débats ; nous gagnions tous les jours des sympathies ; mais lord*** avait de hautes protections ; l’incertitude planait toujours au-dessus de nous.

» Un soir, c’était la veille de ce jour où notre droit devait être proclamé ou méconnu ; inquiet, tourmenté par la fièvre de l’impatience, je ne songeais pas au sommeil, lorsque des coups précipités retentissent à ma porte. J’ouvre : c’est Betty, tremblante, pâle, émue à en perdre la parole, et tenant dans ses bras notre chère ange endormie. Son émotion me gagne, je tremble autant qu’elle, j’implore une explication :

— Sauvez-vous ! dit la pauvre femme. Vous avez toute une nuit pour prendre l’avance. On nous croit couchées, endormies toutes les deux. Partez ! emmenez Anina, et que Dieu vous conduise !

— Mais demain, peut-être, demain, j’en suis sûr, Anina sera reconnue.

— Oui ; mais que gagnerez-vous à ce triomphe  ? la nièce de lord*** sera légitimée, c’est vrai ; et, ni vous,