Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

assurer ton bonheur ; si mon but est atteint, je ne me plaindrai jamais. »

La jeune fille relut vingt fois ces pages qui lui révélaient son origine, et resta longtemps pensive dans l’attitude d’une méditation profonde. Puis sa tête se releva lentement, et son regard, plein de larmes, eut un rayon d’amour.

— Pauvre André ! dit-elle, que de dévouement, de tendresse, d’abnégation…et tout cela pour moi !

Elle n’attendit pas au lendemain pour tirer son frère de l’inquiétude poignante dont elle le supposait dévoré. Le soir même André recevait, baisait et relisait mille fois avec transport les lignes suivantes :

« Fais tes préparatifs de départ, mon André, mon frère toujours. Nous irons ensemble à Londres, et, si nous ne pouvons y trouver le bonheur, nous fuirons encore. Est-ce qu’une séparation est désormais possible entre nous ? Est-ce que notre avenir n’appartient pas à notre passé  ?… Tu m’as tout donné, mon ami, même ta jeunesse, ce bien qu’on ne retrouve jamais. C’est mon tour maintenant. Mais si je n’avais mon âme tout entière à t’offrir, comment te rendrais-je jamais ce que tu as fait pour moi ?…