Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/89

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utre, mais sans se toucher cependant. L’une d’elles, quoique dans tout l’éclat d’une première jeunesse, semble souffrir ; son regard se promène, mélancolique et curieux, sur tout ce qui l’entoure ; il devient glacial lorsqu’il rencontre le visage de sa compagne. Celle-ci est grande, maigre, ridée par la douleur, sans doute, car elle est jeune encore ; ses cheveux sont blancs ; elle contemple la jeune fille assise à ses côtés avec plus de curiosité que de tendresse. Certes, elle n’est pas sa mère, car rien de sympathique, rien de tendre ne s’échappe de l’une de ces deux âmes pour aller à l’autre.

— Anina, dit-elle, vous n’avez donc aucune affection pour votre oncle et pour moi ?… Ne sommes-nous pas cependant toute votre famille ?

— Pardon, madame… ma tante, mais à ma famille, jusqu’à ce jour, j’ai été étrangère, et mon isolement est peut-être cause de cette froideur de caractère qui vous offense. Laissez-moi le temps de vous connaître, de vous estimer et… de vous aimer.

La hautaine lady fronça son sourcil mécontent.

— Que voulez-vous ? reprit la jeune fille ; je n’ai pas été élevée au sein des douceurs de la famille, je n’ai pu puiser dans les affections intimes la confiance et l’enthousiasme ; mais, aussi, je n’en connais pas les faiblesses.