Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/90

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— Je vois du moins avec plaisir qu’on retrouve en vous le sang qui coule dans nos veines. Vous ne le ferez pas mentir, ma nièce.

La jeune fille gardait un silence froid et digne.

— Mais ce que je voudrais de vous, Anina, maintenant que je vous ai adoptée pour fille, c’est que vous commenciez à me regarder comme votre mère.

— Ma tante, mon respect…

— Et votre affection, interrompit l’Anglaise, pourquoi tarder encore à nous la donner, quand la reconnaissance vous en fait un devoir ?

— La reconnaissance ! ah ! madame ! c’est à mes yeux le plus saint, le plus sacré des devoirs ; et c’est pourquoi mon cœur et ma destinée sont à jamais liés au cœur et à la destinée d’André.

— Cet homme ! toujours cet homme ! s’écria lady *** avec colère. Eh ! que fussiez-vous donc devenue avec lui, malheureuse enfant !… il est pauvre !…

— Il n’en a fait que plus de sacrifices pour m’élever, dit Anina. Avec lui, ma tante, ce que je ferais ? Mon Dieu ! je n’en sais rien. Mais je serais aimée, adorée comme je l’ai été depuis mon enfance jusqu’à ce jour. Croyez-vous que ce bonheur n’en vaille pas un autre ?

— Êtes-vous insensible aux douc