Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/91

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eurs de la fortune, aux enivrements du luxe et du plaisir ?

— Oh ! non, ma tante, au contraire ; je les ai souvent rêvées, toutes ces joies du riche ; mais puis-je en jouir et m’en trouver satisfaite si André ne les partage point ?

— Soyez tranquille ; il sera largement récompensé de ce qu’il a fait ; votre oncle se charge de son avenir.

— Dans les projets de mon oncle, devons-nous être séparés, André et moi ?

— Quoi ! vous le demandez ? Est-ce que la nièce, la fille de lord *** peut avoir désormais rien de commun avec un pareil homme ?

La jeune fille se leva, rouge d’indignation.

— Cet homme ! le connaissez-vous ? Sans lui, serais-je maintenant auprès de vous, madame ?… Ah ! vous ne savez pas qu’il a veillé comme un ange gardien, comme une mère, sur mon enfance… Vous ne savez pas qu’il a sacrifié sa jeunesse, son avenir, sa vie pour votre nièce ! Sans cela, madame, vous ne parleriez point de lui avec mépris. Vous lui devez mon existence et mon retour. Ah ! par respect pour votre famille, pour notre nom que vous placez si haut, vous devriez au moins l’honorer, sinon l’aimer.

Lady *** était pâle de colère ; elle se contint.