Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/98

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d’outre-mer parlent presque tous notre langue ; aussi pouvaient-ils comprendre les bizarres harangues de l’étranger ; ceux, du reste, qui ne l’entendaient pas, s’arrêtaient et écoutaient encore plus que les autres.

« Approchez, messieurs, disait, pour la millième fois et d’une voix sonore, l’infatigable charlatan. C’est le dernier jour que j’honore votre ville de ma présence. Achetez ! achetez mon précieux élixir ! Demain il sera trop tard, et vous n’aurez plus le bonheur de me revoir. Puisque la Providence m’a envoyé parmi vous, ne dédaignez pas ce bienfait, vous auriez à vous en repentir. Dans toutes les villes marquées par mon passage, la mortalité a diminué d’un quart ; les apothicaires ferment leurs boutiques, et les docteurs sont aux abois.

» Je voyais le monde dépérir, les populations diminuer, les États languir, je me suis pris de pitié pour l’humanité, et j’ai dit : Cherchons ! J’ai trouvé d’abord, mais cela ne suffisait pas ; et, comme chaque pays doit fournir son contingent de remèdes bons à tous les autres, j’ai dit : Marchons ! Et j’ai fait le tour du monde. Juif-Errant de la science, je lutte contre la mort, et je ne m’arrêterai que lorsque mon but sera atteint. Je n’étudie pas dans les livres, mais dans la nature ; elle m’a découvert ses