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— Le Curé ne dira rien. J’en réponds. J’sus catholique moê aussi.

Baptiste commençait presqu’à regretter d’avoir promis le meilleur de ses chevaux au Sauvage, s’il trouvait le remède au mal.

Devinant sa pensée, le Sauvage dit : « Cette nuit on ira à la messe et on verra le curé, si tu veux. Si je guéris pas tes animaux, tu ne me devras rien. Mais si tu ne me laisses pas faire seul avec l’homme qui va venir, ramène-moi chez-nous tout de suite. Je ne m’en mêle plus. C’est oui ou non, et dépêche-toi ! l’homme s’en vient. »

— Quel homme ?

— Le seul homme qui puisse m’aider à chasser le sort. On ne nomme personne et on n’accuse personne ; je l’ai déjà dit !

Baptiste, de plus en plus ahuri et perplexe, entra dans la grand’chambre où se tenait Agathe.

— J’ai tout entendu, déclara spontanément cette dernière, passablement consternée. Je ne m’en mêle pas… Ton Sauvage, tu sais !… arrange-toi avec… Je veux faire mes Pâques cette année encore… Je n’ai jamais vu d’histoire comme cela dans la Beauce… Des vieux draps il y en a dans l’armoire ; dans la tablette du mitan…[1].

Un son de cloche fêlée venait de se faire entendre au dehors, puis quelqu’un frappa à la porte et entra.

C’était Antoine Charlot.

  1. Milieu (vieux français, encore usité dans la Beauce).