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Page:La Grande Revue, Vol 51, 1908.djvu/764

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reux. Elle leur doit cet attachement vivace à la campagne, à la nature et à tout ce qui est sain et simple. Si à ces faits nous ajoutons le dévouement passionné avec lequel Ellen Key s’occupait de ses jeunes frères et sœurs, nous retrouverons là déjà la bonté maternelle envers tous dont elle n’a jamais cessé de donner les preuves.

Ellen Key n’a jamais fréquenté une école. Sa mère se chargea de son éducation. Cette femme d’origine aristocratique semble avoir été douée d’une sensibilité très vive qui ne nuisait pas à une intelligence ferme et délicate. Elle avait épousé Emil Key un peu contre le gré de sa noble famille. Elle se consacra à Sundsholm à l’éducation des jeunes filles du village et à celle de ses propres enfants. Ayant vite reconnu chez sa fille Ellen des aptitudes particulières, elle s’efforça de les développer en laissant à l’enfant la plus grande latitude. C’est ainsi qu’Ellen ne fut jamais contrainte d’apprendre la grammaire ni les mathématiques qui lui étaient des régions inaccessibles. Par contre les langues étrangères, la poésie, la philosophie furent ses domaines préférés qu’elle traversait non pas en courant mais parcourait lentement, à son gré, et toujours avec délices. Dans la suite elle continua de la même manière son instruction. Elle goûtait et approfondissait les questions qui lui plaisaient, oubliait au contraire tout aussitôt ce qu’elle avait lu sans intérêt. De cette façon de travailler il lui est resté bien des choses. Elle peut parler avec enthousiasme d’auteurs admirés, étudiés avec toute son âme. Peut-être aussi en est-il résulté certaines lacunes dans ses connaissances. Peut-être aussi a-t-elle trop ignoré les méthodes lentes mais pratiques de la science et abordé bien des problèmes avec plus de conviction chaleureuse que de connaissances et de précision. En revanche elle a ignoré le dressage des écoliers qui les habitue à se préoccuper plus du mot que de la chose et à s’arrêter sur la forme sans bien saisir la chose même. Enfin de sa propre éducation individualiste elle tirera les principaux principes pédagogiques qu’elle soutiendra dans la suite.

Ellen Key qui n’en faisait ainsi qu’à sa tête, à qui on laissait d’ailleurs la plus grande liberté, ne tombait pas dans le caprice ou la frivolité. Dès le début de sa vie au contraire elle aime ce qui est droit et vrai. Ses poupées doivent être la reproduction exacte des petits enfants qu’elle voyait. Ses coutures étaient célèbres