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Page:La Grande Revue, Vol 51, 1908.djvu/772

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Que de besogne à faire ! Quelle révolution à accomplir ! « Le système scolaire actuel est un impénétrable fourré de sottises, préjugés et maladresses, dont chaque point prête à la critique. » Taillons, détruisons tout cela ! Que l’air et la lumière circulent ! le système scolaire souffre d’un défaut essentiel : il n’est point fait pour les enfants. Des siècles passés on a hérité d’un certain idéal de culture harmonieuse. On prétend l’imposer à tous les enfants, quel que soit leur tempérament, quelles que soient leurs aptitudes. Brisons ce nouveau lit de Procuste. Les enfants ne sont point créés pour l’éducation, mais l’éducation pour les enfants. À chacun la sienne. Plus d’enfants identiques, plus d’enfants modèles, véritables petits monstres. Respectons et développons chaque individualité.

C’est dans la famille que commencera l’éducation. Cette tâche incombe aux parents, qui de nos jours s’en désintéressent ou s’en acquittent si mal. Ils auront pour premier devoir de ne mettre au monde des enfants que s’ils sont certains de leur transmettre une bonne santé physique et morale. Ou en d’autres termes — assez surprenants d’ailleurs — « l’enfant aura le droit de se choisir ses parents. » Les parents seront responsables devant la société entière de toute mauvaise postérité.

Les parents devront ensuite s’occuper de leurs enfants. Que les femmes en particulier abandonnent moins leur foyer pour briller dans les salons ou pérorer dans les réunions féministes, et prennent plus de soins de leurs fils et de leurs filles. Que la société accable moins de nombreux pères sous le poids des heures de travail, et leur laisse plus de liberté pour remplir leur fonction sociale d’éducateurs. Que devront enseigner ces parents ? Rien et tout. Point n’est question de faire commencer le dressage intellectuel quelques années plus tôt. Il s’agit seulement d’apprendre aux enfants à voir, à entendre, à se servir de tous leurs sens. Il s’agit surtout de les arracher aux « garderies » qui sont comme des casernes précoces où ils sont numérotés et militarisés à l’âge de trois ans de développer au contraire leur individualité de n’en faire sous aucun prétexte des enfants modèles bien sages et tous semblables de ne pas en faire une image exacte des parents mais de les entrainer à différer d’eux, à les dépasser. Le progrès social est à ce prix.

L’école où l’enfant irait vers l’âge de douze ans apprendre la