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Page:La Grande Revue, Vol 51, 1908.djvu/773

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vie en commun, suivrait les mêmes lois. Elle ne considérerait plus la « culture » comme une sorte de moule tout fait, par lequel devraient passer tous les enfants. Le but de l’éducation ne serait pas de développer certaines facultés toujours les mêmes, pas d’emmagasiner tant et tant de connaissances. Non, l’école devra prendre l’enfant pour point de départ, voir quelles sont les facultés de chacun d’eux, et les développer toutes. Elle considèrera l’enfant comme une fin et non comme un moyen. Elle le préparera à la vie ; elle lui enseignera à continuer lui-même son éducation durant toute son existence ; elle l’accoutumera surtout à se faire partout et toujours une opinion personnelle, à l’exprimer avec courage et à dédaigner tout ce qui dans notre société actuelle n’est que sottise, grossièreté, violence, intérêt et vanité.

Et voici ce que sera cette école future d’Ellen Key. Ce sera une école bâtie en plein air au milieu d’un jardin, avec une installation confortable. Les annexes, ateliers, usines, métiers occuperont la plus grande place. L’éducation sera donnée en commun aux jeunes gens et aux jeunes filles. Les élèves auront le droit de choisir les matières qui conviennent le mieux à leurs aptitudes et deviendront indifféremment un savant ou un forgeron. L’enseignement proprement dit sera réduit au minimum. La capacité d’acquérir des connaissances vaudra mieux que les connaissances acquises. Les examens seront supprimés et remplacés par des conversations individuelles avec un homme fait. La bibliothèque sera la meilleure salle d’étude et le prêt des livres une des principales occupations des professeurs. La géographie, qui touche à toutes les sciences deviendra le centre de l’enseignement. Le travail manuel sera pratiqué comme partie essentielle de l’éducation. Nous reviendrons ainsi à l’état de bonheur primitif où l’homme exerçait toutes ses facultés physiques, intellectuelles et morales dans l’activité incomparable d’un créateur. « On verra une seconde Renaissance : le renouveau de la joie personnelle qu’éprouvait l’homme des temps passés, lorsqu’une ferrure artistique, un tissu haut en couleurs ou bien une belle ciselure sortaient de ses mains. »

VII

Enfin il faudra réformer toute notre conception de la vie. Si