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Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/101

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de Mme de La Guette.

nous eussions bon droit ; et pendant tout ce temps-là nous ne le vîmes en aucune façon. J’avoue que cela m’étoit rude ; mais Dieu le permettoit de la sorte pour me faire songer de plus en plus à ma désobéissance ; ce qui m’est arrivé plusieurs fois avec tout le regret que j’en ai dû avoir, comme d’un péché que j’avois commis contre Dieu et dont ma propre conscience me punissoit tous les jours ; en quoi je reconnoissois parfaitement la justice divine, qui ne se servit que de moi-même pour mon propre châtiment.

Je voyois toujours mes bonnes amies, particulièrement madame Molé et mesdemoiselles ses filles, qui s’étoient faites grandes, belles et sages. Elles étoient auprès de madame leur grand’mère, qui étoit un exemplaire de vertu : l’une a été madame la marquise de Flamanville[1] et l’autre madame la marquise d’Hoquincourt[2], toutes deux admirables pour leur belle et sage conduite. Madame de Coulanges avoit auprès d’elle mademoiselle de Chantal, qui étoit une beauté à attirer tous les cœurs. Elle a été depuis madame la marquise de Sévigny[3],

  1. Agnès Molé épousa Hervieu Bazan, seigneur de Flamanville, dont il est parlé plus haut.
  2. Marie Molé, femme de Georges de Monchy, marquis d’Hocquincourt, chevalier des ordres du roi, fils du maréchal.
  3. Marie de Rabutin Chantal, marquise de Sevigny ou de Sévigné. Elle dit dans une lettre, datée du 22 juillet 1676 : « Vous ai-je mandé que je fus dîner, l’autre jour, à Sucy, chez la présidente Amelot, avec les d’Hacqueville, Corbinelli, Coulanges ?… Je fus ravie de revoir cette maison où j’ai passé ma belle jeunesse. Je n’avois point de rhumatismes en ce temps-là. » Cette maison avoit été bâtie par son aïeul, Christophe de Coulanges, et elle