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Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/107

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de Mme de La Guette.

bien préparées. Il y avoit aussi avec nous quelques demoiselles des amies de ma sœur. Quand on eut desservi, on dit : « Il faut danser aux chansons. «  J’en avois toujours demi-cent toutes prêtes ; et pour cet effet je chantai la première, pour donner lieu aux autres d’en faire de même. Comme j’étois fort en cadence, l’on frappa ferme à la porte du château. Le capitaine envoya un laquais savoir qui c’étoit. Le garçon ayant demandé « Qui est là, » on répondit aussitôt : La Guette ! J’entendis cela, car j’avois l’oreille fine. Je ne perdis point contenance et continuai ma chanson. Mon mari entra ; M. de Vibrac courut à sa rencontre pour l’embrasser ; il regardoit de tous côtés où j’étois, et eut peine à me remettre. Je m’en faisois un plaisir. À la fin je lui dis : « Me voilà ; s’il manque quelque cavalier dans votre compagnie, je suis tout équipée, comme vous me voyez, et prête à vous servir. » Il tourna cela galamment et fit une repartie fort jolie, car il ne manquoit pas d’esprit. Ma sœur me dit : « C’est dommage que vous ne faites métier de faire des almanachs ; vous débiteriez bien votre marchandise, car vous pronostiquez juste. » Il est vrai qu’il n’y avoit nulle apparence que je dusse voir mon mari ce jour-là ; mais Dieu le permit de la sorte pour ma satisfaction. L’on fit grillades, capilotades[1] et toutes sortes de bonnes choses,

  1. Grillade, viande qu’on fait rôtir, réchauffer ou achever de cuire sur le gril. Il faut garder ces cuisses de volailles ; nous en ferons une grillade au Réveillon. Capilotade, sauce qu’on fait a des restes de volaille et de pièces de rôt dépecées. Dictionnaire