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Mémoires

entretenir votre maîtresse ; » ce qu’il fit ; et incontinent après il se retira. Monsieur de Marsin le fut accompagner jusqu’à son carrosse et revint auprès de madame de Clermont et de mademoiselle sa fille. Les dames s’en allèrent pour ne les pas interrompre. Ils ne s’étoient jamais vus (j’entends madame de Clermont et M. de Marsin). Je n’eus pas peu d’affaires ; car le temps pressoit, et il m’avoit priée de prendre le soin de toutes les choses nécessaires pour son mariage, même pour le présent qu’il fit à mademoiselle sa maîtresse, qui fut trouvé le plus galant du monde et le mieux entendu.

Le mariage s’accomplit comme il avoit été dit[1]. Madame de Clermont fit un festin fort splendide. Il n’y avoit que douze personnes à table, de très-grande qualité ; j’eus l’honneur d’être du nombre. Pendant le repas, les vingt-quatre violons du roi jouèrent admirablement bien, et un grand nombre de trompettes, d’un autre côté, faisoient merveilles. Toutes ces personnes de qualité parurent fort contentes et satisfaites. Les dames furent coucher madame la comtesse de Marsin, et M. le duc de Montauzier[2] lui amena dans sa chambre mon-

  1. Le mariage fut célébré le 22 mai 1651.
  2. Charles de Sainte-Maure, duc de Montauzier, qui fut plus tard le mari de la célèbre Julie de Rambouillet. L’édition originale porte Montrusier ; mais c’est évidemment une faute d’impression. Montauzier fut fait duc en 1664. Madame de La Guette, qui écrivoit ses Mémoires longtemps après, a bien pu lui donner ce titre, quoiqu’il ne l’eût pas encore à la date de l’événement dont