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de Mme de La Guette.

bien ! madame de La Guette, voilà ce cher fils. » Mon mari prit la parole et dit : « Monsieur, je suis ravi qu’il soit de retour, car s’il étoit péri je n’étois pas en sûreté. Ma femme m’avoit déjà menacé. » M. de Marsin me dit en riant : « Est-il vrai, madame de La Guette ? » — « Oui, monsieur, il est vrai. J’aurois tout exterminé, autant les uns que les autres. »

Deux jours après, Mme de Marsin monta à cheval et voulut faire une cavalcade avec les filles d’honneur de Mme la Princesse et de Mme de Longueville. Je n’en étois pas loin. Nous allâmes du côté de Bacalan, et beaucoup d’officiers suivirent à pied. Quand nous fûmes dans la prairie, je pris plaisir à faire galoper mon cheval de toute sa force, sans m’apercevoir que mes jupes avoient un peu remonté ce qui fit que toutes ces belles demoiselles et ces messieurs se mirent à crier : « Ah ! voilà madame de La Guette qui montre sa cuisse ! » Je leur dis : « Il n’y a remède. Elle n’est pas comme celle d’un héron. Elle est belle, blanche et bien polie, comme vous la voyez ; mais vous ne la verrez pas davantage. » Puis je recommençai à galoper plus qu’auparavant ; et, ayant fait ma course, je revins auprès de Mme de Marsin pour lui dire que je croyois qu’il ne faisoit pas trop sûr là, vu que l’on disoit que M. de Vendôme[1] n’en étoit pas loin, et que selon les apparences elle devoit se re-

  1. César, duc de Vendôme, fils légitimé de Henri IV. Il commandoit la flotte du roi devant Bordeaux.