parce que c’est une chose qui est tout à fait contre mon humeur.
Nous prîmes congé de M. et de Mme de Marsin, qui nous dirent tous deux tout ce qu’on peut dire de plus obligeant. Elle me pria d’assurer messieurs ses parents qu’elle étoit la plus contente et la plus satisfaite de toutes les femmes. Le lendemain du matin nous nous embarquâmes pour passer à la Bastide. Mon fils nous vint conduire jusqu’au bateau, et quelques autres amis particuliers. Il y eut là des larmes répandues, car j’aimois mon enfant tendrement. Comme notre barque commençoit à voguer, il y en avoit une autre qui la devançoit, chargée de quelques cavaliers à qui mon mari cria que quand ils seroient débarqués ils eussent à l’attendre, et qu’il avoit quelque chose à leur dire de la part de M. le prince de Conty. Ils répondirent qu’ils n’y manqueroient pas. Nous abordâmes et mîmes pied à terre. Nous ne trouvâmes que quatre ou cinq cavaliers qui nous attendoient, les autres ayant gagné le devant pour nous jouer un très-mauvais tour, comme on verra par la suite. Mon mari leur dit : « Camarades, montez à cheval et me suivez. J’en ai l’ordre de M. le prince de Conty ; je vas à Lamone. De quel régiment êtes-vous ? » « Monsieur, nous sommes de La Marcousse et de Marche[1]. »
- ↑ Le sieur de La Marche étoit capitaine au régiment de Champagne en 1648. Le chevalier de La Marcousse commandoit en 1645 à la bataille de Llorens le régiment de Saint-Aunez ou Saint-Aunais. Le régiment qu’il avoit levé pour la Fronde de M. le prince faisoit partie de la brigade de Balthazar, qui ne