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Mémoires

la ville, me fit l’honneur de me visiter, et me dit qu’il avoit su notre mauvaise rencontre, qu’il venoit exprès pour m’offrir sa bourse et tout ce qui dépendoit de lui, et que je n’avois qu’à parler. Je le remerciai le plus civilement que je pus, car il me fit cette offre de la meilleure grâce du monde, et lui dis que j’attendois mon mari, qui infailliblement apporteroit ce qui nous seroit nécessaire. Il demeura bien une bonne heure auprès de moi, M. et mademoiselle Coupever présents. Le lendemain, on nous dit que les gens du roi avoient tiré dans la barque de M. le marquis de Montpoullian pour le faire aborder à eux, et qu’ils avoient tué un homme tout contre lui. Cela me donna bien de l’inquiétude, dans la crainte que j’avois que ce ne fût M. de La Guette. Par bonne fortune, il arriva le lendemain en parfaite santé et me dit : « Partons vite et prenons congé de notre hôte. » Il y eut trois capitaines de ses amis qui nous accompagnèrent jusqu’à Mucidan. De là, nous marchâmes avec vingt-cinq ou trente paysans à cheval, qui alloient à Ribérac. Nous passâmes par-devant le château de M. de Saint-Freuil, qui m’aperçut à la tête de ces gens et s’imagina que j’étois M. le comte de Marsin déguisé en femme (il faut croire que je n’avois pas méchant air, puisqu’on me prenoit pour un général d’armée). Il envoya promptement avertir M. le comte de Ribérac[1] et lui manda de faire faire

  1. François d’Aidie. La seigneurie de Ribeyrac etoit venue en 1473 à Odet d’Aidie par sa femme, Anne de Pons, fille de