lui chauffâmes tant de serviettes qu’enfin sa douleur cessa, et je crois que j’en eus autant de joie que celle qui l’avoit mis au monde, parce que le secours qu’il m’avoit donné étoit la cause de son mal. Nous nous séparâmes à Paris, et je m’en retournai chez moi pour rétablir un peu ce que les Lorrains m’avoient détruit.
La bonne compagnie qui y étoit devant la guerre y revint comme de coutume. Nous recommençâmes de nous voir comme auparavant ; les divertissements y étoient toujours fort agréables, toutes les belles demoiselles dont j’ai parlé me continuant toujours leur amitié et me visitant assez souvent ; et moi, de mon côté, je ne perdois pas un moment pour leur rendre ce que je devois. Je me souviens qu’en ce temps-là M. le président Molé, gendre de M. le garde des sceaux Molé[1], me vint voir, et qu’après nous être entretenus de plusieurs choses, il me pria, de la part de madame sa mère, d’aller souper avec elle, ce que je faisois assez souvent, cette vertueuse dame étant bien aise de me voir autant qu’elle pouvoit, car elle m’aimoit beaucoup, et moi je l’estimois infiniment. Je lui promis d’y aller. Avant que de partir de chez moi, je dis à ma femme de chambre que je lui défendois de ne plus donner de chandelle à un petit garçon qui étoit au logis, quand il seroit couché, parce que je prévoyois qu’il ne manqueroit pas de mettre le feu à la
- ↑ Jean Molé, deuxième de ce nom, président aux requêtes, dont nous avons parlé plus haut.