alloit à sa rencontre et qu’il lui diroit d’aller à Notre-Dame des Vertus, pour y être plus commodément ; que cependant nous demeurassions où nous étions jusqu’à ce que nous eussions eu de ses nouvelles. Aussitôt qu’il fut parti, M. de Vibrac me dit : « Ne vous ennuyez pas ; il faut que je voye si nos chevaux sont bien. » Un peu après j’entendis du bruit sur la montée. C’étoient des embrassades de M. de Vibrac et de mon fils qui se reconnurent. J’y courus pour être de la fête ; car j’aimois mon enfant tendrement, et il ne manquoit pas d’amitié et de respect pour moi. Il me dit : « Ma mère, il faut monter en carrosse. M. et Mme de Marsin vont à Notre-Dame des Vertus. » Je dis : « Allons ; mais je voudrois bien remercier la personne qui m’a fait civilité. » Comme je montois en carrosse, M. de Marigny s’y trouva, à qui je voulois faire compliment ; mais mon fils ne m’en donna pas le temps et me poussa à ma place. Cela me surprit un peu, n’en sachant pas la raison. Quand nous fûmes hors de Saint-Denis, je lui dis que j’étois chagrine de l’incivilité qu’il m’avoit fait commettre. Il me répondit que je ne le devois pas être ; que c’étoit un coquin à qui il devoit cent coups de bâton, et que s’il en avoit eu le temps, il s’en seroit acquitté tout sur-le-champ ; mais que ce seroit pour la première rencontre. Je le pressai pour savoir le sujet de leur différent, et je sus qu’il avoit écrit contre une dame que mon fils ne haïssoit pas.
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