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de Mme de La Guette.

Mon mari fut attendre M. et Mme de Marsin à Saint-Denis, où j’allai aussi le lendemain avec M. de Vibrac pour avoir l’honneur de les voir, et pour embrasser mon fils, que je n’avois pas vu depuis Bordeaux. Quand nous y fûmes arrivés, nous ne pouvions trouver à loger, toutes les hôtelleries étant pleines de la maison de M. le Prince et de ceux qui l’avoient suivi. Nous trouvâmes là un monsieur qui eut la curiosité de savoir qui j’étois. On lui dit que j’étois Mme de La Guette. Il vint fort civilement m’offrir sa chambre et place pour mettre nos chevaux et notre carrosse, et s’y prit de si bonne grâce que M. de Vibrac me dit : « Madame, vous ne refuserez pas ce que monsieur vous offre, car il y aura tantôt bien de la confusion pour les logements quand leurs Altesses seront arrivées. » Je l’acceptai et voulus savoir à qui j’avois cette obligation. Ce monsieur me dit qu’il se nommoit Marigny[1]. Il fit ôter son bagage de sa chambre et ses chevaux de l’écurie pour faire place aux nôtres ; en un mot, il en usa le plus obligeamment du monde.

Mon mari ayant su que nous étions arrivés vint nous trouver, et nous dit qu’il ne prévoyoit pas que M. le comte de Marsin pût loger à Saint-Denis ; que son maître d’hôtel cherchoit partout et qu’il n’avoit encore rien trouvé. Il nous dit aussi qu’il

  1. Jacques Carpentier de Marigny, le fameux chansonnier de la Fronde. M. Louis Paris a commencé dans le Cabinet historique la publication de ses lettres jusqu’à présent inédites. Ce qui en a déjà paru promet un livre très-piquant, très-curieux, et qu’où ne lira pas avec moins de profit que de plaisir.